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Rencontre avec P. Blanchard et B. Stora – vendredi 21 décembre 2018

A l’occasion de la visite de l’exposition « Zoos humains » , les étudiants de prépas ECE 2 encadrés par leurs enseignantes Mmes Titeca Beauport et Kuessan, ont eu la possibilité de rencontrer les historiens Pascal Blanchard et Benjamin Stora autour de la question de la France coloniale !

Une conférence de haute volée qui a permis d’aborder les paradoxes de l’entreprise coloniale française, les notions d’identités ; du caractère précurseur de ces identités diasporiques et des violences à la fois symboliques et effectives sur les corps.
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La conférence s’est achevée sur les leviers permettant à tous de vivre ensemble et de construire une politique constructive : le savoir et le dialogue.

Une belle mise en perspective pour ces étudiants dont la thématique en Culture générale s’articule autour du thème de la mémoire.


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Rencontre avec l’écrivain Didier Daeninckx

Vendredi 14 décembre 2018, dans le cadre des rencontres autour de l’exposition Zoos humains, l’invention du sauvage au Mémorial ACTe, les élèves de Première L1, de Terminale L2 et leur enseignante de français, Muriel Larifla, ont eu la chance de pouvoir rencontrer et échanger avec l’écrivain français Didier Daeninckx.

Reportage Guadeloupe 1ère Didier Daeninckx from CDI Gerville Réache on Vimeo.

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L’auteur du célèbre roman Cannibale a d’abord fait le récit de son parcours d’écrivain avant d’évoquer son engagement contre les exactions commises par l’Etat français au cours de son histoire coloniale.

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Didier Daeninckx a conté ses échanges avec le peuple kanak lors d’un long séjour en Nouvelle-Calédonie dans les années 90. C’est à cette occasion qu’il découvrira l’existence des exhibitions de Kanaks, en particulier lors de l’Exposition coloniale au zoo de Vincennes en 1931. Cet épisode terrible sera “exhumé” par son roman Cannibale puis son récit Le retour d’Ataï annoncera de façon prémonitoire le retour sur la terre de ses ancêtres de la tête dAtaï, chef kanak décapité par les forces françaises pour mater la rébellion de 1878.


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Miroir citoyen

Mercredi 10 octobre, de 10h à 12h, nous avons accueilli au Lycée Gerville Réache une troupe de théâtre, celle de l’Ecole Miroir basé à Épinay sur Seine pour un spectacle suivi d’un débat intitulé Miroir citoyen, organisé par le Mémorial ACTe.

Miroir citoyen from monjt fse on Vimeo.

Devant 3 classes du lycée (1ère technologique STMG, Terminale L et BTS Communication 1ère année), les jeunes comédiens de la troupe ont incarné 4 grandes figures qui ont marqué l’histoire par leur engagement pour une cause ou contre une injustice :

 Aimé Césaire et son combat contre le colonialisme

 Jean-Baptiste Belley, 1er Député français noir qui œuvra pour l’abolition de l’esclavage et l’indépendance d’Haïti

 Olympe de Gouges, pionnière du féminisme en France et auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791

 Simone Veil et son combat pour le droit à l’avortement en France

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Pendant près d’une heure, l’écoute des élèves a été remarquable.
Au terme de la représentation, le débat a pu s’engager pendant plus d’une heure en présence de l’historienne Sandrine LEMAIRE, auteure notamment de La fracture coloniale et vice-présidente de l’ACHAC (Association Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine), Fanny AUGUSTIN, directrice de l’Ecole Miroir, et Catherine Jean-Joseph SENTUC, présidente et co-fondatrice de l’association Miroir.
Les questions des élèves ont été très nombreuses, portant notamment sur le travail des comédiens, leur choix personnel d’être acteur mais aussi sur les liens de chacun avec l’engagement citoyen et les personnalités évoquées.

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Projection – Débat avec le réalisateur Mike HORN

Mercredi 16 mai 2018 de 10h à 12h, les étudiants hypokhâgnes ont eu le privilège de rencontrer le réalisateur Mike Horn, venu spécialement au lycée pour la projection de son documentaire : Mai 67, ne tuez pas les enfants de la République (durée : 50 min).
Mike HORN se penche « sur le silence » de la répression de mai 67 en Guadeloupe.
« Mai 1967 : un secret d’histoire, un tabou familial… Mike Horn, réalisateur, reconstitue le puzzle de ces événements dont il a entendu parler il y a seulement six ans, un peu par hasard, au détour d’une conversation. Il revient donc sur les lieux en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, place de la Victoire… où tout a commencé par une grève d’ouvriers du bâtiment qui paralyse l’île. Il tente de comprendre pourquoi ce silence, encore aujourd’hui… et de transmettre ce morceau d’histoire aux nouvelles générations.»
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[[Documentaire à voir en Guadeloupe en présence du réalisateur jeudi 17 mai au MACTe à 19H et à revoir sur France O, dimanche 20 mai 2018 à 23h45.]]


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Rencontre avec l’historien Nicolas BANCEL

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Vendredi 21 septembre 2018, sur invitation du Mémorial ACTe, les 30 étudiants d’hypokhâgnes du Lycée Gerville Reache, accompagnés de leurs enseignants d’Histoire (Gilles Delatre) et d’Espagnol (Mireille Cruces), ont pris part à la conférence-débat de l’historien Nicolas BANCEL sur le thème “L’invention de la
race”.
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Nicolas Bancel est un historien français, spécialiste de l’histoire coloniale et post-coloniale française, professeur à l’Université de Lausanne, faculté des Sciences sociales et politiques, Centre d’histoire internationale et d’études politiques de la mondialisation (CRHIM), co-directeur du Groupe de recherche Achac.
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Cette rencontre a permis d’enrichir le débat en poursuivant le travail fait à partir de l’exposition temporaire “Zoos humains. L’invention du sauvage”.
Nous vous proposons de lire le texte de Leinz MODESTE – sélectionnée parmi les contributions des étudiants – qui ont toutes en commun d’être marquées par un sentiment d’indignation et de la nécessite du devoir de mémoire”

LE RACISME — Ses origines, ses théories, ses représentations — POUR QUOI FAIRE ?

Lettre au racisme
Ô Racisme, ô idéologie morbide qui ose classer les êtres humains dans des races, sur la base de critères physiques ! Toi, fléau des nations et des siècles !
D’où viens-tu donc ?
Tu as pris tes origines chez les Grecs qui depuis l’Antiquité se distinguaient des barbares, métèques et esclaves. Tu as continué ton avancée au XIVe siècle avec les nobles européens qui affirmaient leur lignée de sang, différente de celle du bas-peuple.
Mais, toi peste incurable ou presque, tu n’as été réellement impulsée qu’à partir du XVIIIe siècle, et notamment avec les Encyclopédies de Buffon et de Linné durant le fameux siècle des Lumières…
D’une part, Buffon pensait qu’il n’existait qu’une seule espèce humaine originaire de la croyance chrétienne d’Adam et Ève. Mais cela ne s’est pas arrêté là… Il a fallu aller plus loin… et Buffon s’est mis à classer les Êtres Humains dans des groupes différents qu’il a nommés « races ». Il a ensuite rajouté que la « race blanche » venue d’Europe était la moins dégénérée de toutes, grâce aux conditions favorables de ce continent.
D’autre part, Linné et son polygénisme, considérait lui aussi l’existence de plusieurs races, et même d’une race monstrueuse (avec par exemple la légende des hommes à queue de Sumatra), mais il a été le premier à considérer l’existence de plusieurs espèces d’Hommes par rejet de la théorie adamique.
C’est donc à partir de là que toi, racisme si bien connu aujourd’hui, tu as commencé à prendre une réelle ampleur et à réordonner les sociétés occidentales.
Mais si seulement ces Encyclopédies n’avaient apporté que deux théories… Non, il a fallu que d’autres penseurs légitiment cette idéologie raciste et créent de nouvelles théories sur le sujet !
Quelles sont ces théories qui te constituent et te légitiment ?
Les races qui sont la base de ton existence, ont été créés à partir d’un besoin de classer les êtres vivants. La classification raciale était d’ailleurs bien plus avancée chez les animaux d’élevage et les fruits et légumes, et se basait sur des caractéristiques physiques. C’est là selon l’historien Nicolas Bancel, que se trouve le noeud qui sous-tend la classification raciale puis la hiérarchisation raciale chez les Hommes.
Le premier critère de séparation a été la couleur de peau et bien sûr tous les préjugés primaires ancrés dans les mentalités qui vont avec. C’est ce qui est théorisé par Buffon comme « réversibilité des caractères » et qui affirme qu’une zone détermine les capacités d’une « race ».
Puis des scientifiques ont calculé certains traits corporels humains afin de hiérarchiser les différentes « races ». Racisme… tu étais déjà admis dans les mentalités de l’époque.
On pense à Johann Caspar et au hollandais Petrus Camper qui ont élaboré la théorie selon laquelle plus l’angle facial est fermé était la plus primaire.
Ensuite, on connaît la craniologie de Paul Broca au XIXe siècle, qui après vérification quelques années après sa publication s’est avérée totalement fausse. En effet, le chercheur, a voulu mesurer le volume des crânes des différentes races, et a conclu que le crâne avec le plus grand volume était celui de la « race blanche » et que celui-ci diminuait de plus en plus jusqu’à la « race noire » qui avait donc le plus petit volume et par conséquent celle avec le moins de capacités intellectuelles. Malgré le démenti, toi racisme n’a pas flanché et tu t’es relevé sans égratignures.
Enfin, tu as été représenté de diverses manières. Quel que soit leur nom : Exposition coloniale, Exposition universelle ou encore villages itinérants ; les zoos humains étaient le haut lieu du racisme. La toute première exposition dans laquelle sont apparus des enclos réellement visibles de « populations sauvages » est l’Exposition universelle de Londres en 1851. Puis s’en est suivi un goût particulier pour le « sauvage » et ce, dans tous les grands pays et grandes villes du monde entier : Paris, Londres, le Japon ou encore à Saint-Louis aux États-Unis avec ses Jeux anthropologiques racistes. Et toute cette représentation horrible, ces zoos humains transformés en lieux de travail (les peuples recevaient un salaire) avec des conditions ignobles, se sont poursuivis jusqu’en 1937, ce qui montre bien l’ampleur du phénomène.
Mais pour quoi faire ? À quelles fins as-tu été aussi développé, racisme ?
Selon Claude Lévi-Strauss dans son livre Race et Histoire, il a fallu que tu existes afin de légitimer cet infâme asservissement qu’a été l’esclavage et qui a sévi au grand jour dans les colonies des puissances européennes pendant de longues décennies. Toi, racisme, tu apparais donc comme la condition d’existence de l’esclavage. Car en affirmant l’infériorité raciale d’une civilisation sur une autre, il est alors plus simple et plus moral de mettre la première au service de la seconde plus puissante.
Un étudiant indigné par l’Histoire humaine.”

Cette contribution de Modeste Leinz est en ligne sur la page Facebook du Mémorial ACTe
https://www.facebook.com/memorialacte/photos/a.620475124717154/1858947404203247/?type=3&theater