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Projection et débat autour du film Vers la tendresse

Mercredi 4 décembre 2019, à l’initiative de Varan Caraïbe et avec le soutien de la DAC et de la Région Guadeloupe, le Lycée Gerville Réache a reçu George-Line Joachim et la réalisatrice Malaury Eloi pour présenter et débattre avec les étudiants CPGE AL1 et leur enseignant d’histoire, Gilles Delatre, du film d’Alice Diop, Vers la tendresse.

La réalisatrice Alice Diop a reçu en 2017 pour son film, Vers la tendresse, le César du meilleur film documentaire, devenant ainsi la deuxième réalisatrice noire à recevoir cette récompense en France, 33 ans après Euzahn Palcy pour son film Rue Cases-Nègres.

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Vers la tendresse

Ce film documentaire de 38 minutes nous donne à entendre la voix de 4 jeunes hommes de la cité des 3000, dans la banlieue-est parisienne, à propos de leur perception de l’amour et de la relation entre les garçons et les filles. Le film nous plonge ainsi dans une exploration intime du territoire masculin dans les “quartiers”, laissant entrevoir l’impossibilité du discours amoureux.

«Dans mon milieu, si tu montres tes sentiments tu es bouffé direct. Il ne faut pas croire que c’est facile, j’ai terriblement peur de l’avenir. Aujourd’hui j’ai 30 ans, j’suis pas marié, j’ai pas de meuf… J’sais même pas c’que c’est que l’amour… ». Farid B. Cité des 3000.

En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles, tandis qu’en off ils dévoilent sans fard la part insoupçonnée de leurs histoires et de leurs personnalités.

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“Loin de se limiter à une image désespérante de l’amour, le film donne à son titre tout son sens dans sa seconde moitié, qui tire parti de la parole lumineuse d’un homosexuel, ami de la réalisatrice. Puis partage l’intimité d’un jeune couple de la Cité des 3000 (Aulnay-sous-Bois), dans une chambre d’hôtel où ils passent le week-end, faute de pouvoir s’aimer au domicile de leurs parents. Oui, semblent-ils dire aux jeunes hommes du début, l’amour dans les « quartiers » reste possible. « L’un d’eux, pour qui les femmes sont des “putes”, des “salopes”, m’a surprise en me demandant l’enregistrement de notre conversation. Je lui avais glissé qu’il était digne d’être aimé. Ce qu’aucune femme, avant moi, ne lui avait ­jamais dit » (Alice Diop). De la violence misogyne à la possibilité d’aimer : tel est le mouvement ascendant de Vers la tendresse, film d’une grande beauté et porteur d’espoir.” (source : Télérama)

Un débat riche et inhabituel

Les échanges qui ont suivi la projection du film ont permis d’analyser le dispositif scénique de la réalisatrice, son originalité et sa pertinence au regard de ses intentions et du respect voulu vis-à-vis des jeunes qui témoignent en se livrant sans filtre aucun. Mais très vite, les 32 étudiants présents ont reconnu que le propos même du film était totalement inhabituel en milieu scolaire. Parler d’amour et de relation à l’autre est essentiel mais fait rarement l’objet des enseignements dispensés à l’école. Le débat a donc pris une nouvelle tournure en s’orientant vers la question de la pression sociale, de l’effet de groupe et de la construction de soi, au moment de l’adolescence et du passage à l’âge adulte. Autant de paramètres incontournables dans l’estime de soi et la relation à l’autre, en s’autorisant le fait d’aimer et d’être aimé.

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Alice Diop

Elle est née en 1979 à Aulnay-sous-bois. Après un master en Histoire et un DESS en sociologie visuelle, elle intègre l’atelier documentaire de la Fémis. Dans ses films elle porte un regard neuf, tant sociologique que cinématographique, sur le quartier de son enfance, sur la diversité, sur l’immigration et s’intéresse à ceux que l’on ne voit pas, en vue de combattre les idées reçues.

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