Homme politique guadeloupéen (Pointe-à-Pitre 1854-Mareil-en –France, Val d’Oise 1908).
Gaston Marie Sidonie Théonile Gerville-Réache fut député de la première circonscription de la Guadeloupe (la Basse Terre) sans discontinuité, de 1881 à 1906 : un record absolu.
Né à Pointe-à-Pitre, où son père était clerc de notaire (plus tard greffier de la cour d’appel) il a fait ses études à Versailles, a enseigné la philosophie pendant un an à Haïti avant de revenir en France faire son droit. Devenu avocat il s’est inscrit au barreau de Paris comme Alexandre Isaac.
Il participe le 18 mai 1879, au banquet présidé par Victor Hugo pour le 31e anniversaire de l’abolition de l’esclavage et en publie le compte rendu dans une plaquette de 34 pages. En 1880, il publie une brève biographie de Victor Schœlcher. Ce dernier l’encourage à se lancer dans la politique et lui accorde son soutien (ainsi que Clemenceau). Aux législatives de 1881, il se présente, en effet, en Guadeloupe et arrive en tête du premier tour avec 1354 voix sur… 12485 inscrits ! Inconnu, il bénéficie de l’absence de toute mobilisation de l’électorat. Il sera élu au second tour avec 2206 voix contre 986 à Emile Réaux, directeur de la banque de Guadeloupe. En 1881, il a 26 ans et est le deuxième plus jeune député de la Chambre. Il s’inscrit à l’extrême gauche, radicale, comme l’autre député de Guadeloupe, Gaston Sarlat.
Pour son deuxième mandat, en 1889 (4435 voix sur 4481 votants) il se rapproche de l’Union des gauches, jugeant irréalisable le programme radical. Il se définit alors comme « radical se soumettant à la volonté nationale ». Il devient vice-président de son groupe parlementaire. Il sera un des vice-présidents de la Chambre de 1904 à 1906. En 1902, il avait battu Hégésippe Légitimus, maire de Pointe-à-Pitre venu le contester dans son fief de Basse Terre.
Gerville Réache est mort à l’âge de 54 ans.
Il aura été un député actif. En 25 années de députation, ses prises de parole ont été innombrables. Il fut souvent rapporteur dans la discussion des budgets de la Marine ou des Affaires étrangères, et rapporteur de projets de lois divers mais qui touchent tous ou presque aux affaires coloniales (les tarifs douaniers, le régime des sucres, etc.), un peu à la manière de l’autre député de l’île entre 1893 et 1898, Auguste Isaac. Après le tremblement de terre d’avril 1897, c’est à celui des deux qui demandera l’aide la plus importante de l’Etat. Ses prises de position sur des sujets plus généraux, comme le désarmement international, l’affaire Dreyfus ou le régime électoral de telle colonie, sont plus rares. Ce sont les questions juridiques qui semblent l’avoir le plus intéressé comme la réforme du code d’instruction criminelle, la réforme de la magistrature ou la relégation des récidivistes. On ignore les raisons pour lesquelles il ne s’est pas entendu avec Alexandre Isaac, lui aussi Mulâtre et franc-maçon, lui aussi avocat et républicain. Peut-être leur inimitié résulte-t-elle du fait que l’un était plus un homme politique, et l’autre plus un politicien.