Après la visite du préfet en mars dernier, c’est le sous-préfet de Basse-Terre, M. David PERCHERON qui est venu échanger avec les étudiants de première année de classe préparatoire littéraire (hypokhâgne), jeudi 15 avril, rencontre organisée par leur professeur d’histoire M. Gilles Delâtre.
Lors de la première partie de l’échange, le sous-préfet fait part de ses expériences étudiantes et professionnelles. En effet, il est intimement convaincu que les chemins que nous sommes amenés à emprunter ne sont pas toujours linéaires.
Dès le secondaire, il semble voué à des études scientifiques, mais il décide de se réorienter vers une filière économique et sociale.
Après l’obtention de son bac, il intègre l’Institut d’Études Politique de Paris (Sciences Po). Cette grande école lui ouvre un accès à de nouvelles perspectives professionnelles, notamment grâce à des voyages à l’étranger (Etats-Unis par exemple).
Animé par l’intérêt général, il se dirige vers la voie de la fonction publique, offrant un large panel de possibilités. Suite à son admission à l’Ecole National de la Magistrature, il exerce en qualité de magistrat du parquet (substitut du procureur puis vice-procureur en Guyane et à Paris). Mais il se retrouve aussi à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, une très ancienne institution financière publique qui exerce des activités d’intérêt général pour le compte de l’État. Le voici alors investi des fonctions de banquier et parfois de lobbyste. Depuis trois ans il est secrétaire adjoint de la préfecture de Guadeloupe, en qualité de sous-préfet.
Des échecs formateurs
Un parcours aussi riche et varié possède son lot de « bifurcations », de réorientations et, parfois d’échecs. Le sous-préfet invite à considérer ces derniers comme des apprentissages, de nouvelles opportunités de comprendre le monde qui nous entoure et dans lequel nous évoluons. L’échec à un concours ne signe pas la fin d’une possible carrière professionnelle. « Tout n’est pas joué à 20 ans, notamment si vous rentrez dans la fonction publique. »
Ainsi, après un premier échec pour intégrer l’Ecole Nationale d’Administration (grande école dont le président Macron vient d’annoncer la refonte) M. PERCHERON a tenté une nouvelle fois ce concours en interne (c’est-à dire en ayant déjà intégré la fonction publique) et cette fois avec réussite. Devenu sous-préfet, il affirme que ses fonctions précédentes de procureur et de lobbyste, lui ont permis d’acquérir beaucoup d’expérience dans les relations humaines, lesquelles lui sont très utiles aujourd’hui.
Des conseils tirés de l’expérience
N’étant pas un fervent défenseur du déterminisme social ( !), le sous-préfet invite les étudiants à croire en leurs capacités.
Il illustre ses propos en prenant l’exemple du sous préfet de Pointe-à-Pitre qui débuta son parcours professionnel comme chauffeur de camion puis gardien de nuit au palais de Versailles. Suite à la reprise de ses études à 24 ans, à force de labeur, il obtint son DEUG (équivalent d’un BAC +2) de Droit, puis enchaina les concours…Son exemple n’est pas une exception, puisque l’ancien préfet de Guadeloupe démarra sa carrière comme instituteur. Ces parcours s’inscrivent dans une logique de persévérance, de travail et de mérite.
S’ensuit un échange de questions-réponses.
Tessa : Pouvez-vous expliquer ce qui distingue le métier de procureur de celui de juge ?
D. PERCHERON: Le juge du siège n’a pas de supérieur hiérarchique direct, contrairement au procureur, qui s’inscrit davantage dans une verticalité du pouvoir.
Le juge est donc plus indépendant que le procureur, qui mène une politique pénale. Ce dernier doit faire des choix dans les affaires à traiter : toutes les affaires et procédures de la police et de la gendarmerie remontent à lui, ce qui lui donne une charge considérable de travail. Il saisit, pour certaines affaires, des juges d’instruction.
Solane : Quels ont été les inconvénients de votre parcours professionnel ?
D. PERCHERON: Je suis assez content de mon parcours, parce que j’ai fait beaucoup de choses. Si c’était à refaire, je le referais. Avec le recul, je suis assez content d’avoir raté l’ENA il y a 15 ans, parce que je pense que si je l’avais réussi, je serais peut-être préfet aujourd’hui ; mais je n’aurais pas vécu les différentes expériences professionnelles que je vous ai relatées. »
Dragan : Est-ce qu’aujourd’hui vous avez d’autres ambitions ?
D. PERCHERON: Je suis très content de ce que je fais dans ce métier. Des ambitions plus élevées… oui ; j’aspire à plus de responsabilités. Après, je ne peux pas prendre plus de responsabilités aujourd’hui, ça ne sera peut-être pas le cas dans dix ans. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est une chose à laquelle vous devez penser. […]
La classe remercie vivement M. PERCHERON pour cette rencontre enrichissante, chaleureuse et très inspirante !
Alix Taïna & Penture Axelle, étudiantes en CPGE AL1