Mardi 11 mars, les élèves de Terminale HGGSP5 et leur enseignante Mme Touchelay ont participé, sur le Champ d’Arbaud de Basse-Terre, à la cérémonie d’hommage rendue aux victimes du terrorisme lors de la Journée nationale et européenne qui leur est dédiée.
Le 11 mars est la date choisie par l’Union européenne en souvenir de l’attentat le plus meurtrier d’Europe, en 2004 à Madrid, et par la France depuis un décret du 7 novembre 2019.
En ce 10ème anniversaire des attentats de 2015, les élèves ont voulu rendre hommage à ces victimes et à leurs proches en participant au dépôt de gerbe dans le cadre de leur cours sur “Histoire et mémoire” et en prononçant le discours suivant :
Mesdames, Messieurs,
Nous, lycéennes et lycéens de Gerville Réache, sommes présents ici devant vous dans ce lieu chargé d’émotions pour honorer la mémoire des victimes du terrorisme.
Nous sommes nés dans un monde où le terrorisme constitue une menace constante. Nous avons grandi en voyant les conséquences tragiques de cette violence sur nos sociétés et remercions Monsieur le préfet de nous associer à cette journée nationale d’hommage.
La date du 11 mars a été choisie parce qu’il y a aujourd’hui 21 ans, jour pour jour, des voyageurs insouciants allant prendre leur train à la gare de Madrid ont été victimes d’un des attentats les plus meurtriers commis depuis celui du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Il y a vingt et un ans, 192 personnes perdirent la vie en se trouvant simplement au mauvais endroit, au mauvais moment, dans la gare de de Madrid ou autour. Ce jour-là, les victimes ont été marquées à jamais par la terreur.
C’est contre elle, contre les bruits de la guerre et de la haine, contre les explosions et les cris que nous devons, particulièrement aujourd’hui, sortir du silence de la sidération imposée par les terroristes et faire du bruit, un bruit de paix et de fraternité par ce discours.
Nous refusons de nous taire et d’oublier les victimes car nous savons que cela reviendrait à les tuer une seconde fois en cédant à la terreur.
Pour qu’elles ne soient pas mortes pour rien, souvenons-nous d’elles, ensemble, faisons résonner quelques-uns de leurs noms aujourd’hui dans ce lieu pour briser ce silence de la peur.
Redonnons-leur ainsi un moment de vie. Plus que des images de l’horreur des morts et blessés, célébrons ici leurs rires et leurs bonheurs précédents. Souvenons-nous ensemble de la vie pour que la mémoire serve de rempart à la peur et au retour de l’horreur.
Comme l’a dit Kofi Annan le 12 septembre 2001 au conseil de Sécurité de l’ONU, “Une attaque terroriste contre un pays est une attaque contre l’humanité tout entière”.
C’est au nom de cette humanité que nous réagissons aujourd’hui.
Nous ne vous connaissions pas, mais pourtant, par votre mort, vous êtes devenus une partie de notre famille, celle de l’humanité.
Arié, six ans, Gabriel trois ans, Myriam huit ans Jonathan, trente ans, morts assassinés en mars 2012 à Toulouse et Montauban, lors d’attentats qui ont fait 7 morts.
Clarissa JEAN-PHILIPPE, assassinée le 8 janvier 2015, victime du devoir en intervention, Loïc Libert et tous les autres.
« N’oublions pas que cela fut » écrit Primo Levi et la mémoire est aujourd’hui une arme pour que ces listes se tarissent.
En étant ici ce matin nous ne disons plus « les victimes », « elles » mais : « nous » car nous sommes visés à travers elles : notre mode de vie et la liberté de notre démocratie.
Nous pensons que chaque nom prononcé, chaque fleur déposée chaque larme versée est un acte de résistance, une victoire contre l’oubli et contre le terrorisme.
Sans l’avoir choisi, nous sommes ici les gardiens de leur mémoire, les protecteurs de leur héritage et notre présence ensemble prouve qu’ils ne sont pas morts pour rien. En préservant leur histoire nous refusons de laisser le terrorisme écrire notre récit collectif.
Ensemble nous pouvons transformer la douleur en espoir, la peur en courage et l’obscurité en lumière, sans autres armes que nos mots, par la seule force d’être unis.
Nous honorons les victimes en refusant de succomber à la peur, ensemble nous écrivons l’histoire de la résistance, du courage et de l’espoir.
Aujourd’hui nous lycéenes et lycéens de Gerville Réache sommes ensemble en guerre contre l’oubli.
“Ces terroristes veulent embraser le monde, ils auront gagné s’ils nous poussent à bout et réussissent à créer la discorde civile” écrit Yasmina Khadra.
Le but de la terreur est de nous diviser, de nous isoler les uns des autres, de nous rendre faibles assommés par la peur et la douleur.
La mémoire devient notre bouclier commun contre l’oubli, elle est le pilier sur lequel nous nous appuyons pour résister à la terreur et à l’intolérance.
Nous montrons ce matin que la terreur échoue, que nous sommes là, forts de notre union pour célébrer la vie, la résilience.« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse délivrer pour changer le monde » disait Nelson Mandela, et encore une fois merci de nous en avoir donné l’occasion.
En honorant ce matin la mémoire des victimes, nous affirmons que l’éducation est notre meilleure défense contre l’absurdité et l’obscurantisme du terrorisme.
La mémoire des victimes du terrorisme nous porte à construire un monde meilleur où le dialogue remplace les armes, où la compréhension remplace la méfiance et où la réconciliation l’emporte sur la vengeance pour qu’encore une fois, elles ne soient pas mortes pour rien.
Ensemble restons vigilants, déterminés à construire notre avenir. La journée du 11 mars est plus qu’une simple commémoration. Elle est le symbole de notre capacité à nous élever au-dessus de l’adversité, à affirmer notre engagement envers les valeurs de la paix, de la solidarité et de la démocratie. Elle est un rappel de notre humanité commune, de notre capacité à nous souvenir mutuellement. Elle est l’occasion de comprendre que nous formons une communauté et de savoir à quoi elle sert : être un bloc contre le terrorisme, ensemble, main dans la main, dans la démocratie, transformant le passé sanglant en une force pour construire un avenir de paix dans la démocratie.
Aujourd’hui, nous, lycéens de Gerville Réache, devant ce monument aux morts et dans ce lieu chargé d’histoire, en mémoire des victimes du terrorisme nous pouvons dire « vive la République »