L’écrivaine Gisèle Pineau, marraine de la CPGE AL1

Le mercredi 9 février, dans le cadre du marrainage de la Classe Préparatoire aux Grandes Écoles littéraires (CPGE A/L 1) promotion 2021/2023, les élèves d’hypokhâgne et de khâgne du lycée Gerville-Réache ont eu l’honneur d’accueillir Madame Gisèle Pineau.

Première écrivaine féminine à obtenir le prix Carbet de la Caraïbe, nommée chevalier des Arts et des Lettres en 2006 et bien d’autres, cette grande femme de lettre guadeloupéenne, vraie figure du monde littéraire antillais est une source d’inspiration pour nombre de passionnés d’écriture et de récits sur la condition
sociale. Bien que solitaire, l’écriture est pour elle une activité avec une jubilation dans le processus de création. Elle lui permet aussi de partir à la rencontre de son public. Des rencontres qui donnent du sens à son travail tout comme le fait de toucher des lecteurs inconnus.

Parmi ses ouvrages les plus reconnus, on peut citer Un papillon dans la cité, son premier roman, publié en 1992. Aujourd’hui cet ouvrage est encore étudié et utilisé notamment dans les universités américaines pour étudier le français .
« Les livres voyagent, ils passent de main en main, ils voyagent »


Au programme de l’événement, les élèves ont lu un extrait de Cent vies et des poussières ainsi qu’une autre lecture mais d’une lettre aperçue dans la couleur de l’agonie et par la suite fut présenté un discours de remerciement au nom de la classe pour son engagement en tant que marraine de la promotion 2021/2023. Au cours des deux heures de rencontre, la classe fut invitée à poser des questions.


Lecture d’un extrait de Cent vies et des poussières, par Edith VARIN

Nous savons que vos œuvres ont vraiment traversé les générations, selon vous quelle est l’œuvre qui a le plus impacté les lecteurs ?
Gisèle Pineau – La littérature jeunesse n’était pas un projet pour moi. Je n’ai d’ailleurs pas eu accès à ce type de littérature. Je voulais plutôt écrire un roman dans lequel on retrouve la Guadeloupe avec sa culture, ses paysages, sa langue, dans le but que le lecteur s’identifie au personnage. Bien que les livres nous permettent de voyager, il me semble important de savoir qu’il existe une littérature dans laquelle on peut s’identifier. Mon projet était d’écrire de grands romans. La grande drive des esprits par exemple , grand succès édité en 1992 a reçu le prix des lectrices du magazine ELLE en 1993 ainsi que le prix Carbet de la Caraïbe. Ce fut mon premier grand roman publié et c’est ainsi que je suis entrée dans la littérature d’un seul coup avec ces deux grands prix littéraires. Ce grand prix national et cet autre prix décerné par un jury d’enseignants caribéens présidé par Édouard Glissant. Ce fut une reconnaissance pour moi.


 

Présentation du discours de remerciements de la classe réalisée par Alexandra MÉLON

Vous évoquez souvent le thème de l’exil , mais cela a-t-il un rapport avec le Bumidom ?
C’est bien antérieur au phénomène du Bumidom. C’est lié à la grande histoire de France et à l’époque de la dissidence de la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de guadeloupéens ont embarqué sur des canots de pêcheurs pour atteindre l’île de la Dominique, de Ste Lucie et à partir de là ont embarqué dans des navires pour être formés au maniement des armes aux États
Unis. Il faut savoir qu’ à l’époque nous étions sous le gouverneur Sorin qui avait mis en place des patrouilles. Il y avait aussi beaucoup de répression, de couvre feu et des jeunes de 17/19 ans risquaient leur vie pour rejoindre l’île voisine. Mon père a répondu à l’appel du général De Gaulle et était fasciné par ce « général micro ». A l’issue de cette guerre, il a décidé de faire carrière dans l’armée française . Il va épouser ma mère, une petite dame de la campagne rêvant de Paris à travers des magazines servant d’emballages pour les bananes. Mes parents vont donc vivre à Paris et voilà comment des petits guadeloupéens vont naître à Paris. C’est la grande histoire qui vient changer les petites histoires.

Cependant ce monde fut très compliqué et j’ai dû subir beaucoup de racisme. Comment ne pas devenir schizophrène quand on se retrouve dans une famille où il y a un adorateur de la France et du général de Gaulle, une adoratrice de Paris et que de plus, dès que vous mettez le pied dehors on vous dit de rentrer chez vous en Afrique. Quand on quitte un territoire qu’est ce que l’on prend avec soi? Ce sont des questions qui m’obsèdent.


Avez-vous déjà pensé à des romans à deux voix ?
Je crois que je ne pourrais pas écrire un livre à quatre mains. J’ai écrit un seul livre en collaboration avec Marie Abraham qui s’appelait Femmes des Antilles . C’est un essai dans lequel j’ai fait le tour des femmes, du temps de l’esclavage à nos jours, mais cela n’a rien à voir avec le roman.
Vous savez, écrire c’est un terrain de jeu, on fait ce que l’on veut. Je ne me censure pas, j’écris ce que j’ai envie d’écrire. Quand j’écris j’ai envie d’être dans une authenticité et non dans le politiquement correct. Il faut que ça soit beau dans la forme mais aussi qu’il y ait du fond et du sens. Je veux allier les deux. Offrir aux lecteurs un voyage qui lui permette de sortir de sa routine. On crée son propre langage. Alors non, je ne peux pas écrire avec quelqu’un.


Signature de la convention par Mme Gisèle Pineau et M. José Victorin, Proviseur.

Comment avez-vous réussi à apporter autant de détails dans l’écriture de scènes comme le viol dans La couleur de l’agonie ?
Moi j’aime les challenges. Quand on est écrivaine, ce qui paraît inaccessible existe en réalité. Et c’est ce qui rend l’activité belle. Le sujet m’est venu instantanément car c’est un thème qui m’interpelle et qui me donne envie d’en parler. Cela arrive tous les jours que des jeunes filles se fassent violer. J’aime aller le plus loin possible. Je voulais que mes lecteurs et mes lectrices puissent entrer dans la peau de ces victimes. Que le lecteur puisse même sentir physiquement les choses, même si elles sont violentes. Il y a une façon de faire mais surtout avec honnêteté.

Quel roman d’un autre auteur vous a donné envie d’écrire ?
La grande Toni Morrison . C’est un modèle pour de nombreux auteurs. Vous savez, on a l’impression que chez certaines chanteuses, le son sort tout près de la gorge, et pour d’autres, il sort des tripes, du ventre. Pour moi , Toni Morrison c’est ça. Je dirais alors son roman Jazz. C’est une autrice que je recommande. Son écriture est peut-être exigeante mais elle en vaut la peine.

Article rédigé par Morane CAPRON, CPGE AL1
Crédits photos : Noor ARCHIMÈDE et Morane CAPRON

Tournage d’un reportage pour le JT de La 1ère TV


Les CPGE rencontrent l’artiste Nú Barreto

En résidence en Guadeloupe du 6 janvier au 27 février 2022, dans le cadre de la 10e édition Wi’anArt, Nú Barreto sillonne les routes et part à la rencontre des jeunes collégiens et lycéens. De Sainte-Anne à Basse-Terre, en passant par Terre-de-Haut aux Saintes, il anime jusqu’au 18 février des ateliers de pratique artistique autour du thème de la Couleur dans une dizaine de collèges et lycées de l’académie.

Lundi 7 février, les étudiants CPGE 1ère année ECG (Classe préparatoire aux grandes écoles économiques et commerciales) et leurs enseignants, Mme OTVAS et M. DELORT, ont eu le privilège de rencontrer l’artiste plasticien Nú BARRETO tandis que les CPGE AL 1ère année (littéraires) ont également eu cette chance le mercredi 9 février avec leur enseignant d’histoire, M. Gilles DELATRE.

Nous vous invitons à découvrir le reportage réalisé par deux étudiantes CPGE AL1 : Corène Chango et Daena Manicor.


Ces deux rencontres de deux heures chacune ont été l’occasion de découvrir sa démarche artistique et ses créations, en particulier sa série de dessins et collages réalisée au cours du 1er confinement ou sa célèbre série de drapeaux “États désunis d’Afrique“.

Les étudiants ont posé de nombreuses questions et ils ont aimé “lire” ses créations parsemées de symboles propres à l’imaginaire de l’artiste : les chaises bancales à 3 pieds ou les échelles aux barreaux manquants qui symbolisent à leur manière une ascension sociale en panne, les bouteilles fermées ou les rectangles au sol symboles des restrictions sanitaires et de l’enfermement, les mains à la place des pieds ou inversement qui traduisent l’imperfection inhérente aux humains ou, comme aime à le dire l’artiste “les êtres à humaniser que nous sommes”.

Restos, 85,8 x 125,4 x 4 cm / Close, 85,4 x 126,3 x 4 cm / Rejected ! 88,8 x 126,3 x 4 cm 2021 – Collages (carton, papier, tissu), crayon céramique, pastel semi-gras, papier recyclé © Crédit photo : Bertrand Huet / Tutti image – Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles

Originaire de Guinée-Bissau, Nú Barreto est actuellement considéré comme l’un des artistes majeurs du continent africain.
Né en 1966 à São Domingos, dans le nord de la Guinée Bissau, Nú Barreto s’installe à Paris en 1989. Il suit une formation à l’École de Photographie AEP puis intègre l’école des Gobelins, l’École Nationale des Métiers d’Image à Paris, de 1994 à 1996.
Si le dessin s’est toujours imposé comme le médium de prédilection de l’artiste, sa pratique est résolument contemporaine, à travers des séries mixant différents médias ou de puissantes installations murales.
Choisi pour représenter son pays à l’Exposition Universelle de Lisbonne en 1998, Nú Barreto est représenté par la galerie Nathalie Obadia (Paris – Bruxelles).
Nú Barreto mène aujourd’hui une carrière internationale et incarne une figure majeure de l’art contemporain. Ses œuvres sont présentes dans de grandes collections publiques et privées telles que celle du Museo Capixaba do Negro (Mucane), de la Vitória (Brésil), de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du musée de Macao (Chine), de la Fondation Pro-Justitiae à Porto (Portugal) ou encore de la fondation PLMJ à Lisbonne (Portugal).

Vues de l’exposition Africa : Renversante, Renversée, Galerie Nathalie Obadia, Paris, 2018 © Crédit photo : Bertrand Huet / Tutti image – Courtesy de l’artiste et de la Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles

En 2009, Nú Barreto entreprend une nouvelle série de peintures qui revisitent le drapeau américain sous les couleurs panafricaines. L’artiste y aborde une démarche nouvelle et questionne différents thèmes, notamment celui de la désunion du peuple africain. Œuvre devenue emblématique du travail de l’artiste au fil des ans, États Désunis d’Afrique est une série qui se poursuit aujourd’hui encore, avec l’objectif d’atteindre une trentaine d’œuvres. Du 8 novembre au 29 décembre 2018, était présentée à la galerie Nathalie Obadia une déclinaison de neuf œuvres au sein de l’exposition Africa : Renversante, renversée.
En reprenant la structure du drapeau américain et en faisant référence à l’American Flag de Jasper Johns (1954-1955), Nú Barreto s’inscrit dans une lignée d’artistes qui utilisent la puissance visuelle du symbole afin de mettre en exergue des questions sociétales.

Du 15 avril au 12 juin 2021, l’exposition L’imparfait et l’impératif présentait un ensemble de nouvelles œuvres sur papier recyclé, convoquant aussi bien le dessin que le collage, ainsi qu’un polyptyque de 42 dessins, que l’artiste conçoit comme le carnet de bord de ces derniers mois de pandémie. Saisissante démonstration d’une verve graphique au service d’une vision âpre, ces œuvres expriment autant sur les souffrances du peuple africain que sur la condition humaine, à travers le thème de l’enfermement. De son pays natal, ancienne colonie portugaise, Nú Barreto garde le souvenir d’une éprouvante marche vers l’indépendance puis d’une instabilité politique et militaire ponctuée de nombreux coups d’état. L’artiste porte aujourd’hui un regard lucide et acerbe sur la situation actuelle de la Guinée-Bissau, où ne cessent de s’accroître les disparités socio-économiques. Plus largement, c’est toute la complexité des enjeux qui déterminent les relations entre les différents États africains et l’Occident qui transparaît, sous la forme figurée, à travers la représentation de ses « homos imparfaits ».


Vidéo de présentation de la CPGE AL

Nous vous invitons à découvrir la vidéo de présentation de La classe préparatoire littéraire de Guadeloupe située au lycée Gerville Réache.

Deux étudiantes de cette prépa, Enide (2e année) et Emelyn (1ère année) vous présentent cette formation inoubliable et fort enrichissante. Une prochaine vidéo sera consacrée aux débouchés de la prépa littéraire et aux concours qu’elle permet de passer.


Remise du Prix Goncourt des Lycéens 2021 à Paris avec les CPGE AL1

Cette année, pour la première fois de son histoire, le Lycée Gerville Réache a participé comme 50 autres lycées français au Prix Goncourt des lycéens.

Ce sont les étudiants CPGE AL1 et leurs enseignantes, Mme CRUCES, Mme POUZET et Mme KUESSAN, qui ont relevé ce formidable défi de pouvoir lire et échanger, en l’espace de quelques semaines, autour des 14 titres en lice de la rentrée littéraire.

 

Jeudi 25 novembre, Akéva D. était à Paris, au Ministère de l’Education Nationale, pour représenter sa classe et participer à la remise du Prix Goncourt des lycéens à l’auteure Clara Dupont Monod pour son magnifique roman S’adapter. Avec Mme Cruces, elles ont tenu à traverser les océans et braver les barrages en Guadeloupe afin d’être présentes pour octroyer ce Prix du cœur plébiscité par les étudiants.

Les 14 titres sélectionnés pour le Prix Goncourt des Lycéens 2021 :

  • Soleil amer de Lilia Hassaine aux éditions Gallimard
  • La fille qu’on appelle de Tanguy Viel aux éditions de Minuit  
  • Le voyage dans l’Est de Christine Angot aux éditions Flammarion 
  • Les enfants de Cadillac de François Noudelmann aux éditions Gallimard 
  • Parle tout bas d’Elsa Fottorino aux éditions Mercure de France 
  • Au printemps des monstres de Philippe Jaenada aux éditions Mialet-Barrault 
  • La carte postale d’Anne Berest aux éditions Grasset
  • S’adapter de Clara Dupont-Monod aux éditions Stock 
  • Milwaukee Blues de Louis-Philippe Dalembert aux éditions Sabine Wespieser 
  • L’éternel fiancé d’Agnès Desarthe aux éditions L’Olivier 
  • S’il n’en reste qu’une de Patrice Franceschi aux éditions Grasset 
  • Feu de Maria Pourchet aux éditions Fayard 
  • Le voyant d’Etampes d’Abel Quentin aux éditions L’Observatoire 
  • La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr aux éditions Philippe Rey 

Suivez-nous sur YouTube et Instagram!

Nous vous invitons à suivre la chaîne YouTube créée par Mme Lovely OTVAS, agrégée Lettres classiques et professeur dans la CPGE ECG tout comme dans la CPGE Littéraire.

Au programme, des témoignages et des conseils pour les élèves et les étudiants!

Vous pouvez également suivre l’actu des prépas sur le compte Instagram les prépas de Gerville.


Le sous-préfet de Basse-Terre à la rencontre des hypokhâgneux

Après la visite du préfet en mars dernier, c’est le sous-préfet de Basse-Terre, M. David PERCHERON qui est venu échanger avec les étudiants de première année de classe préparatoire littéraire (hypokhâgne), jeudi 15 avril, rencontre organisée par leur professeur d’histoire M. Gilles Delâtre.

Les élèves de CPGE AL 1 en compagnie du sous-préfet M. David PERCHERON. Crédit photo : Alix Taïna

Le sous-préfet s’exprimant devant la classe de CPGE AL 1. Crédit photo : Penture Axelle

Lors de la première partie de l’échange, le sous-préfet fait part de ses expériences étudiantes et professionnelles. En effet, il est intimement convaincu que les chemins que nous sommes amenés à emprunter ne sont pas toujours linéaires.

 

Dès le secondaire, il semble voué à des études scientifiques, mais il décide de se réorienter vers une filière économique et sociale.

Après l’obtention de son bac, il intègre l’Institut d’Études Politique de Paris (Sciences Po). Cette grande école lui ouvre un accès à de nouvelles perspectives professionnelles, notamment grâce à des voyages à l’étranger (Etats-Unis par exemple).

 

Animé par l’intérêt général, il se dirige vers la voie de la fonction publique, offrant un large panel de possibilités. Suite à son admission à l’Ecole National de la Magistrature, il exerce en qualité de magistrat du parquet (substitut du procureur puis vice-procureur en Guyane et à Paris). Mais il se retrouve aussi à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, une très ancienne institution financière publique qui exerce des activités d’intérêt général pour le compte de l’État. Le voici alors investi des fonctions de banquier et parfois de lobbyste. Depuis trois ans il est secrétaire adjoint de la préfecture de Guadeloupe, en qualité de sous-préfet.

Des échecs formateurs

Un parcours aussi riche et varié possède son lot de « bifurcations », de réorientations et, parfois d’échecs. Le sous-préfet invite à considérer ces derniers comme des apprentissages, de nouvelles opportunités de comprendre le monde qui nous entoure et dans lequel nous évoluons. L’échec à un concours ne signe pas la fin d’une possible carrière professionnelle. « Tout n’est pas joué à 20 ans, notamment si vous rentrez dans la fonction publique. »

Ainsi, après un premier échec pour intégrer l’Ecole Nationale d’Administration (grande école dont le président Macron vient d’annoncer la refonte) M. PERCHERON a tenté une nouvelle fois ce concours en interne (c’est-à dire en ayant déjà intégré la fonction publique) et cette fois avec réussite. Devenu sous-préfet, il affirme que ses fonctions précédentes de procureur et de lobbyste, lui ont permis d’acquérir beaucoup d’expérience dans les relations humaines, lesquelles lui sont très utiles aujourd’hui.

Des conseils tirés de l’expérience

N’étant pas un fervent défenseur du déterminisme social ( !), le sous-préfet invite les étudiants à croire en leurs capacités.

Il illustre ses propos en prenant l’exemple du sous préfet de Pointe-à-Pitre qui débuta son parcours professionnel comme chauffeur de camion puis gardien de nuit au palais de Versailles. Suite à la reprise de ses études à 24 ans, à force de labeur, il obtint son DEUG (équivalent d’un BAC +2) de Droit, puis enchaina les concours…Son exemple n’est pas une exception, puisque l’ancien préfet de Guadeloupe démarra sa carrière comme instituteur. Ces parcours s’inscrivent dans une logique de persévérance, de travail et de mérite.

Discussion informelle entre les élèves de CPGE AL 1 et le sous-préfet autour d’une collation. Crédit photo : Penture Axelle

S’ensuit un échange de questions-réponses.

Tessa :  Pouvez-vous expliquer ce qui distingue le métier de procureur de celui de juge ?

D. PERCHERON:  Le juge du siège n’a pas de supérieur hiérarchique direct, contrairement au procureur, qui s’inscrit davantage dans une verticalité du pouvoir.

Le juge est donc plus indépendant que le procureur, qui mène une politique pénale. Ce dernier doit faire des choix dans les affaires à traiter : toutes les affaires et procédures de la police et de la gendarmerie remontent à lui, ce qui lui donne une charge considérable de travail. Il saisit, pour certaines affaires, des juges d’instruction.

Solane : Quels ont été les inconvénients de votre parcours professionnel ?

D. PERCHERON:  Je suis assez content de mon parcours, parce que j’ai fait beaucoup de choses. Si c’était à refaire, je le referais. Avec le recul, je suis assez content d’avoir raté l’ENA il y a 15 ans, parce que je pense que si je l’avais réussi, je serais peut-être préfet aujourd’hui ; mais je n’aurais pas vécu les différentes expériences professionnelles que je vous ai relatées. »

Dragan : Est-ce qu’aujourd’hui vous avez d’autres ambitions ?

D. PERCHERON:  Je suis très content de ce que je fais dans ce métier. Des ambitions plus élevées… oui ; j’aspire à plus de responsabilités. Après, je ne peux pas prendre plus de responsabilités aujourd’hui, ça ne sera peut-être pas le cas dans dix ans. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est une chose à laquelle vous devez penser. […]

La classe remercie vivement M. PERCHERON pour cette rencontre enrichissante, chaleureuse et très inspirante !

Alix Taïna & Penture Axelle, étudiantes en CPGE AL1


Inauguration de la Salle Luis Sepúlveda

M. Ary Chalus, Président de la Région Guadeloupe, et les différents invités

 

Le 24 mars 2021, a eu lieu l’inauguration de la salle Luis Sepúlveda au Lycée Gerville-Réache.

Nous avons eu l’honneur de recevoir le président de Région, Ary Chalus, le premier vice-président du conseil départemental,  Jacques Anselme, le maire de la ville de Basse-Terre, André Atallah, ainsi que Pascal Nanhou, directeur du département pluridisciplinaire de Lettres et Sciences humaines.

Un grand jour pour les étudiants de la classe préparatoire littéraire ainsi que les élèves du lycée Gerville-Réache, qui ont animé l’inauguration de la salle Luis Sepúlveda en présentant les différentes valeurs que cet auteur défendait.


M. André Atallah, Maire de Basse-Terre

La maîtresse de cérémonie, Enide Fanchone (CPGE AL1), a ouvert cet événement en soulignant la grandeur de l’œuvre de Luis Sepúlveda ainsi que la sensibilité humaniste et écologiste de cet auteur engagé.

Anna Vaïtilingon et Lizzy Beaujean (CPGE AL1) ont souligné à quel point Luis Sepúlveda a été un exemple en terme de valeurs morales. Elles ont dépeint l’influence de l’auteur chilien sur leur vision du monde et de la vie. Luis Sepúlveda était un écrivain, un militant écologiste mais surtout un résistant. Pour lui, le Verbe, l’écriture et la littérature sont des armes. Le poids des mots repose dans cette expression qui a su ébranler les étudiants : “Narrar es resistir”.


M. Pascal Nanhou, Directeur du DPLSH

 

“Raconter c’est résister”, l’écriture est un moyen de s’ériger contre un ordre arbitraire. “Raconter c’est résister” car les mots peignent la souffrance, décrivent l’horreur… mais savent aussi entonner un chant d’espoir. “Donner la voix à ceux qui n’en n’ont pas”, parler au nom des opprimés de ceux que la société oublie.


Cindy Marie-Sainte et Marguerite Porro (CPGE AL2) ont montré que les mots ont un pouvoir, une subtilité, une beauté.

De gauche à droite : Mireille Cruces, Enide Fanchone, Cindy Marie-Sainte et Marguerite Porro

Les élèves de 2nde 3 et 4 de Madame Vargas ont présenté une œuvre qu’ils avaient étudiée Patagonia express, qui illustre l’engagement écologique de Luis Sepúlveda.

Axel Rousseaux (CPGE AL2)a fait ressortir dans ses écrits son admiration de l’humanisme de Luis Sepúlveda.

“No conozco a ese hombre pero sé que es mi hermano”, “Je ne connais pas cet homme mais je sais que c’est mon frère “, Aglaë Dugoujon et Noëma Caffa (CPGE AL2) nous ont fait vibrer sous cette maxime qui reflète l’amour que Luis Sepúlveda ressent pour les autres.

Luis Sepúlveda a connu l’exil comme Victor Hugo ou Bertoldt Brecht et a choisi une nouvelle patrie, celle de l’écriture et de l’espagnol.

L’initiatrice de ce projet, Mme Cruces, et le président de Région, Ary Chalus ont coupé le ruban.
Pour finir, Mme CRUCES nous a fait découvrir une fresque réalisée par M. GORIN, professeur d’arts plastiques et ses élèves.

La Patagonie dans toute sa splendeur, montagnes enneigées, un paysage authentiquement chilien qui nous rappelle les origines de notre auteur et la beauté de l’art.

Fresque réalisée par les élèves de l’option Arts plastiques et leur enseignant, M. Gorin

Cet événement s’est achevé par un pot de la fraternité, initié par le proviseur Monsieur José Victorin qui a permis la rénovation de cette salle, ainsi que Monsieur Guy Gimbert, gestionnaire de l’établissement qui a également apporté son soutien.

Article rédigé par Enide FANCHONE, CPGE AL1


Gaetano CIARCIA, sur les sentiers de la mémoire guadeloupéenne…

De l’histoire à la mémoire, la Guadeloupe est pour l’anthropologue Gaetano Ciarcia, « une île d’histoire, traversée par des mouvements du passé et des flux qui se passent dans le présent ». Il est venu rencontrer les étudiants de la Classe préparatoire aux grandes écoles littéraires (CPGE A/L 1) du lycée Gerville Réache.

Gaetano Ciarcia devant les étudiants de la classe d’hypokhâgne du Lycée Gerville Réache. Crédits photo : Gilles Delâtre

Jeudi 4 février, les étudiants de la classe préparatoire littéraire du lycée Gerville-Réache, et leur professeur d’histoire, M. Gilles Delâtre, ont eu le plaisir de recevoir l’anthropologue Gaetano Ciarcia, directeur de recherche au CNRS à l’Institut des mondes africains, qui effectue chaque année, depuis quatre ans, une mission d’étude en Guadeloupe dans le cadre de ses recherches sur la mémoire de l’esclavage.

A la découverte de l’anthropologie …

L’anthropologie sociale et culturelle est une science qui étudie les hommes en société et les échanges entre les individus, explique le chercheur.

Le métier d’anthropologue est synonyme d’échanges plus que de voyages. Cette science, à la fois sociale et humaine, est une occasion pour ses adeptes de « se déplacer et se rendre dans d’autres espaces, de vivre et de fréquenter de manière assidue les populations sur place ».

La démarche anthropologique s’appuie sur la rencontre avec la population, la participation à leurs activités quotidiennes. Nous retiendrons, au regard de l’expression de Nicolas Bouvier que le voyage « fait et défait ». La rencontre avec l’Autre, est une occasion de faire l’expérience de l’altérité et de se découvrir.

La rencontre de l’Autre ou « Comment peut-on être Persan ? »

La notion d’exotisme a été l’objet d’un des séminaires de Gaetano Ciarcia. L’exotisme est un objet de fabrication de l’altérité. C’est « l’énergie, la force, l’inclinaison de s’imaginer différent par rapport à l’autre … se fabriquer autre et fabriquer l’Autre ».

Le pays dogon au Mali avec sa fascinante cosmogonie et cette forteresse naturelle que constitue les falaises de Bandiagara aux habitats troglodytiques a été au cœur d’un processus de fabrication-invention d’un récit prétendument véridique et réaliste, par l’anthropologue Marcel Griaule, et l’ethnographe et cinéaste Jean Rouch.

Gaetano Ciarcia donne une conférence sur les Dogons aux étudiants de deuxième année (khâgne) dans le cadre de la question d’histoire au concours de l’Ecole Normale Supérieure. Crédits photo : Gilles Delâtre

Mémoire de l’esclavage en Guadeloupe

Gaetano Ciarcia rend compte ensuite de ses travaux en cours. Depuis des années il se consacre à la mémoire de l’esclavage. Après avoir enquêté au Bénin et en Martinique puis dans les villes de Bordeaux et de Nantes qui furent des « ports négriers », il porte depuis quatre ans son intérêt sur la Guadeloupe.

Consultant archives, organes de presse, musées, allant à la rencontre d’associations mémorielles mais aussi des jeunes générations, il essaie d’évaluer ce qu’est ici la mémoire de l’esclavage, le ressenti et les représentations, le patrimoine et les commémorations.

Comme, à son plus grand bonheur, la recherche est toujours infinie, Gaetano Ciarcia sera de retour dans notre archipel dès le mois de mai…

Article d’Enide FANCHONE, CPGE AL 1


Gaetano Ciarcia est l’auteur des livres De la mémoire ethnographique. L’exotisme du pays dogon (Éditions de l’EHESS, « Les Cahiers de l’Homme », 2003) et Le revers de l’oubli. Mémoires et commémorations de l’esclavage au Bénin (Karthala/Ciresc, « Esclavages », 2016). Il a également réalisé, avec Jean-Christophe Monferran, le film documentaire Mémoire promise (CNRS Images, 2014).

Signature d’une convention avec la Préfecture

Jeudi 21 janvier, les étudiants CPGE AL1 et leur enseignant d’histoire, M. Gilles Delatre étaient fiers et heureux d’accueillir au lycée la visite du Préfet de la Guadeloupe, Monsieur Alexandre Rochatte, accompagné de Mme Claire Jean-Charles, Directrice des Ressources Humaines et des Moyens, de M. David Percheron, sous-préfet chargé de la cohésion sociale, secrétaire général adjoint de la Préfecture de Guadeloupe, et de M. Franck Lorenzi, Délégué du préfet à la politique de la Ville.

 

M. le Préfet et M. Victorin, Proviseur du lycée, ont signé une convention qui offrira aux étudiants en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles la possibilité d’effectuer un stage de 4 à 8 semaines dans les services de la Préfecture.

Ce stage permettra de découvrir les modes de fonctionnement des services de l’État tout en menant à bien une ou plusieurs missions définies en concertation avec l’étudiant.e stagiaire.