Journal du Lycée – Journée des droits des femmes

Gerville Réache, un chantier féministe en action

Le 5 février 2021, Maiwen DUFOUR-GERARD , accompagnée des éco-délégués du lycée Gerville Réache, réalise une manifestation dans le fer à cheval du lycée. Son but : sensibiliser contre la précarité menstruelle des étudiantes et apporter une aide accessible a celles affectées sous la forme d’un distributeur de protections hygiéniques 100% biodégradables dans l’infirmerie. En ce 8 mars 2021, journée internationale des droits des femmes, revenons sur ce fait.

Photographie d’ Aaliyah ANDRÉ pour la campagne d’affichage “Changeons les règles”

« Quelle erreur pour une femme d’attendre que l’homme construise le monde qu’elle veut, au lieu de le créer elle-même », écrivait Anaïs Nin, pionnière féministe, dans son journal intime dans les années 70. Ces mots font encore écho aujourd’hui. Surtout dans l’école de Jules Ferry, une école gratuite laïque et obligatoire «pour tous» mais surtout pour les garçons.

En effet, dans une école (et par extension un lycée) dotée d’eau courante, d’une cantine et de toilettes, tous les besoins naturels d’un jeune garçon sont atteints. Pour les jeunes filles, il manque clairement quelque chose d’essentiel, une ressource qui leur permettrai d’assister à leurs cours plus sereinement, durant une semaine spécifique du mois.

La précarité menstruelle est définie comme étant la difficulté ou le manque d’accès des personnes réglées aux protections hygiéniques. Elle touche 500 millions de personnes dans le monde et une étudiante sur trois.

A l’éclosion de leurs coquelicots, un bon nombre de ces jeunes femmes évitent tout simplement d’aller en cours. Elles préfèrent s’imposer les lacunes qui surviennent avec tant d’heures de cours manquées, plutôt que de vivre l’embarras de se retrouver sans protections un jour de «ragnagnas».

Dans une école mal équipée, être une personne réglée est objectivement un désavantage face aux personnes non réglées. C’est un obstacle de plus à franchir pour les étudiantes afin de rejoindre les étudiants, déjà cadres en puissance.


De gauche à droite : Maiwen DUFOUR-GÉRARD, Yohana BILBA et Aaliyah ANDRÉ

Vouss comprendrez alors que par son initiative inspirée, Maiwen DUFOUR-GERARD transforma le lycée Gerville Réache en un chantier, le 5 février 2021. En construisant indirectement le pilier de soutien féminin manquant à l’établissement, sous la forme de ce distributeur de protections hygiéniques. Avec la collaboration du CDI et des éco-délégués, le lycée deviendra le premier de la Guadeloupe à faire ce pas en avant. Une intervention impossible sans les hommes de l’administration qui ont usé de leur position pour donner une voix aux étudiantes, un acte qu’ont ne peut qualifier que de chevalerie moderne.

Dans la même foulée, cette manifestation aura reçu l’intervention de l’association Karukéra Endométriose, et contribuera à la sensibilisation de cette maladie qui touche entre 1,5 et 3 millions de femmes en France. Enfin, du simple fait d’en parler ouvertement, espérons que cette manifestation aidera à effacer le tabou des menstruations de nos conversations et aura brisé les règles.

Dans tous les cas, nous serons heureux d’apprendre que 17 jours après la manifestation, le 23 février 2021, la gratuité des protections périodiques pour les étudiantes dans les Universités sera annoncée par Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, fortifiant ainsi le statut de pionniers du lycée Gerville Réache.

« Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin. » Simone Veil.


A toutes celles

Celle qui navigue dans une mer de préjugés, luttant pour maintenir la tête hors de l’eau

Celle qui lutte pour le droit d’aimer, pour que les regards, enfin soient détournés

Celle qui, comme toi et moi lit ces lignes maintenant. Lève la tête. Laquelle est-elle ?

Celle qui depuis hier, encore aujourd’hui, et peut-être demain, est rabaissée à un dégradant second rang, enchaînée dans l’ombre d’un hypothétique sexe premier dont elle n’a rien à envier pourtant.

Celle qui combat depuis maints printemps et étés, un ennemi qu’elle ne cherche qu’à aimer et intégrer, j’ai nommé la société.

Celle qui est née, a parlé, a marché, a chanté, a dansé, a étudié, oui, tout comme lui. Mais hélas ! Celle qui a crié, a pleuré, a supplié, a étouffé, a déprimé, a abandonné, à cause de lui, à cause d’elle, à cause d’eux, à cause de ceux qui lui ont servi des rêves meurtris. Oui, car femme ne peut être masculine, tout comme “féminine” ne peut être homme.

Celle qui naquit femelle au gré de mère nature, mais qui fit femme contre son gré, perdure, elle subit un futur, et oublie son futur. À quoi bon vivre mon aventure quand maman me dit : “Maintiens ta droiture !” alors que papa succombe à sa luxure ? Enfin “luxure”, devant souffrir en silence pour ces ordures, parlons “d’affection pure”.

Celle qui se coupe, s’écœure, se soupe, s’apeure, se loupe, s’effleure, s’attroupe, c’est l’heure, sa poupe, se meurt. Et par le froid de l’abattoir, elle s’abat, ses pas, se bat, ne sait pas, se débat, ici-bas, s’empare, démarre, sans part, une nouvelle vie.

Celle qui est blessée, de l’intérieur, par un Homme, par un pleur, à cause d’une pomme, dit-on, elle souffre. Un vrai palimpseste, pitié pas l’inceste, si elle reste, il ne restera plus un zeste, d’elle, et en un geste, elle n’est plus.

Celle qui se relève, s’élève, élève de la terre, altère les fièvres, Incels en scelle, elle descelle leurs étincelles malsaines, et se lève.

Celle qui apprend à s’aimer, car nulle société n’a pu l’aider, la respecter mais a su l’inspecter comme un insecte et continuité.

Celle qui s’habille, comme elle veut, ça brille, comme un vœu, d’être reconnue.

Celle qui plutôt, ouvre clé tôt, avec un kit pour que tu clito-ris.

Celle qui.

C’est elle qui.

C’est qui ?

Qui tout.

Qui rien.

Quitte tout.

Puis revient

Renverser nos vies.

Celle qui se dépense, fait un jeûne infini dans le silence. Elle chasse sans espérance une silhouette qui n’existe que sur les pages du royaume de l’apparence. Dont les princesses sans panse, ne se passent pas de Photoshop.

Celle qui se cache. Qui se couvre et se recouvre de couches, de faux semblants. Pour être aimée, pour conformer, pour que son regard à lui, passe sur sa personne sans la défigurer.

Celle qui dépend, elle s’en rend compte, d’une école, d’une structure, d’un monde. Qui a été fait sans la moindre considération pour elle. Et qui regarde, l’œil pétillant de colère, un énième film d’horreur dans lequel “la salope” meurt la première.

Celles qui créent. Qui ajoutent leurs histoires aux étagères des libraires. Qui toisent Picasso de leurs tableaux dignes de Khalo. Qui réalisent en prenant en main la vengeance, l’amour ou la défiance féminine, des longs métrages qui époustouflent les Nolan. Qui attaquent les préjugés, pinceau, crayon ou caméra à la main, et ne renonceront jamais à mettre plus de poids de leur côté de la balance.

Aaliyah André, Gaïa Gorzelanczyk, Alexia Judith, Fabien Patrick.